Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

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Compléments à la correspondance Jakobson - Lévi-Strauss

Pierre-Yves Testenoire(UMR 7597 HTL, Sorbonne Université)

Abstract

Roman Jakobson and Claude Lévi-Strauss met in New York in 1942 and soon started a collaboration and a written correspondence that went on as long as 1982. Both the National Library of France and the Institute Archives and Special Collections of the Massachusetts Institute of Technology keep the correponding letters, about 160 of which were published in 2018. This paper aims at publishing thirty-four new letters that are presented in their respective contexts. These unpublished exchanges bring new insights into Jakobson and Lévi-Strauss' works and collaboration.

Présentation

1Les circonstances de la seconde guerre mondiale ont créé les conditions de la rencontre de Roman Jakobson et de Claude Lévi-Strauss sur le sol américain. Tous deux bénéficient alors d’un programme de sauvetage, élaboré par la Fondation Rockefeller, pour faire venir aux Etats-Unis des savants européens menacés par les invasions allemandes. Invités à enseigner à New School for Social Research, ils débarquent à New York à quelques jours d’intervalle. Lévi-Strauss quitte la France occupée le 24 mars 1941. Il embarque à Marseille sur le Capitaine Paul Lemerle à destination des Antilles. La traversée, l’internement en Martinique puis à Porto Rico sont connus par le récit qu’en fait Lévi-Strauss dans la première partie de Tristes Tropiques. Il débarque finalement à New York le 28 mai 1941.

2Roman Jakobson arrive au même endroit, le 4 juin, mais par des voies différentes. Fuyant l’invasion nazie de la Tchécoslovaquie, en 1939, il a d’abord trouvé refuge à Copenhague puis à Oslo. L’année suivante, l’invasion allemande de la Norvège le contraint de nouveau à fuir. Jakobson s’établit alors en Suède, à l’université d’Uppsala, où il enseigne pendant un an. Le 20 mai 1941, il embarque, avec sa femme, à Göteborg, sur un cargo, le Remmaren, à destination des Etats-Unis. Le navire ne transporte que dix-huit passagers, en comptant l’équipage. Parmi eux, un autre savant sur la route de l’exil : Ernst Cassirer accompagné de son épouse, avec qui Jakobson se lie d’amitié. La traversée dure deux semaines. Elle est, d’après les témoignages, éprouvante : le navire est contrôlé par les allemands ; il doit passer entre les mines.1 A New York, Jakobson enseigne d’abord à la New School for Social Research avant d’être appelé à enseigner la linguistique à l’École libre des Hautes études qui ouvre ses portes en février 1942. L’ école libre des Hautes Etudes est une institution, hébergée par la New School for Social Research et financée par la Fondation Rockefeller, la France Libre et plusieurs gouvernements européens en exil. Elle réunit des savants européens, pour l’essentiel belges et français, venus d’horizons scientifiques et idéologiques différents ; l’enseignement s’y fait en français.2 C’est dans « les réunions constitutives » (Lévi-Strauss 1971) de cette école que Jakobson fait la rencontre d’un autre professeur de douze ans son cadet : Claude Lévi-Strauss. Cette rencontre est à l’origine d’une collaboration intellectuelle et d’une amitié de quarante ans, dont les conséquences pour le champ des sciences humaines sont immenses.

3Jakobson et Lévi-Strauss ont tous deux souligné, dans de très nombreux entretiens, l’importance de cette rencontre dans leur itinéraire respectif.3 La construction du structuralisme généralisé d’après-guerre n’est cependant pas réductible à cette rencontre :4 elle trouve des racines multiples dans la philosophie, la psychologie, la linguistique et la philologie de l’entre-deux-guerres. Si d’autres échanges entre savants ont participé à cette construction, la rencontre entre Jakobson et Lévi-Strauss a ceci de crucial qu’elle inaugure la thématisation sous l’appellation « structuraliste » de méthodes et de problèmes communs à plusieurs champs scientifiques. Un évènement important dans ce processus est la série de cours de linguistique générale que Jakobson donne la première année et à laquelle assiste Lévi-Strauss.5 Avec l’enseignement de linguistique de Jakobson, Lévi-Strauss découvre les principes du structuralisme linguistique et la conception différentielle des phonèmes élaborée au sein du Cercle Linguistique de Prague qu’il importe pour l’analyse des structures de parenté.

4Les années de l’École libre sont des années d’intense collaboration et d’émulation intellectuelles. Chacun suit les enseignements de l’autre, chacun discute les recherches de son collègue. Jakobson et Lévi-Strauss animent des séminaires communs. En 1942-1943, un séminaire à la Section d'Ethnographie et de Linguistique de l’Institut de Sociologie rattaché à l’École libre porte sur « La place des peuples primitifs dans le monde d’après-guerre ». En 1945-1946, celui du premier semestre s’intitule « Structure des institutions populaires (Langue, mœurs, folklore) », le second, en collaboration avec Raymond de Saussure, psychanalyste et fils du linguiste genevois, porte sur les « Principes de l’analyse structurale ». À partir du retour de Lévi-Strauss en France en 1947, la relation devient essentiellement épistolaire, bien que Jakobson profite de chacun de ses passages à Paris pour rendre visite à son ami. La collaboration scientifique se poursuit, trente-cinq ans durant, par-delà l’Atlantique.

5Dans une lettre adressée à la veuve de Jakobson, en 1982, Lévi-Strauss fait état de l’immensité de sa dette intellectuelle envers son ami :

Roman fut un très grand homme. Le dernier, sans doute, de ce calibre à notre époque ; et ma dette intellectuelle envers lui est immense. Pour moi, sa disparition n’est pas seulement celle d’un des plus puissants esprits de ce siècle : elle abolit tout une période, la plus vivante et la plus féconde de mon passé, durant laquelle, à son contact et fort de son amitié, mes idées essentielles prirent définitivement forme. L’œuvre qu’il laisse est si vaste, si variée, que les commentateurs s’exerceront pendant des dizaines et des dizaines d’années à mettre en lumière toutes ces richesses. Il survivra ainsi. (Roman Jakobson Papers, MC 72, box 13, folder 1)

6L’influence précise qu’ont eu les échanges entre Jakobson et Lévi-Strauss sur leurs travaux respectifs est difficile à évaluer, tant elle est immense et diffuse. On peut néanmoins isoler, d’un point de vue factuel, quelques moments saillants de leur collaboration :

  • La parution, en 1945, à l’initiative de Jakobson du premier numéro de Word, la revue du Cercle Linguistique de New York. Le volume, qui réunit les articles de Cassirer « Structuralism in Modern Linguistics » et de Lévi-Strauss « Analyse structurale en linguistique et en anthropologie », peut être tenu pour un manifeste du structuralisme au-delà du seul champ de la linguistique.
  • La participation des deux savants à The Conference of Anthropologists and Linguistics à Bloomington (Indiana) en juillet 1952. Leurs interventions publiées, pour Jakobson, sous le titre « Le langage commun des linguistes et des anthropologues » et, pour Lévi-Strauss, sous le titre « Linguistique et Anthropologie » témoignent des efforts de convergences interdisciplinaires qui caractérisent plusieurs de leurs travaux au début des années cinquante.
  • L’écriture à deux mains, de 1960 à 1962, de l’article sur les « Chats » de Baudelaire. Cette étude devient rapidement le symbole de l’analyse structurale appliquée aux textes littéraires : traduite dans de très nombreuses langues, elle alimente pendant une vingtaine d’années les débats en théorie littéraire (v. Delcroix et Geerts 1980).
  • Les deux cycles de conférences que donne Jakobson au Collège de France en 1972 sur invitation de Lévi-Strauss et qui reçoit, en France, un écho médiatique important.6
  • L’édition, en 1976, aux éditions de Minuit des Six leçons sur le son et le sens issues de l’enseignement de Jakobson à l’École libre des Hautes études pendant la guerre et que préface Lévi-Strauss.

7En deçà de ces productions visibles, il semble qu’il y ait peu d’aspects de leur activité scientifique dont Jakobson et Lévi-Strauss n’aient discuté ensemble, une collaboration continue de quarante ans que leurs échanges permettent de documenter.

8Si les échanges oraux, qui d’après les témoignages se prolongeaient tard dans la nuit, ont été perdus, une partie de la correspondance écrite a été conservée. Celle-ci court sur quarante ans : de 1942 à 1982, de la rencontre des deux savants au décès de Jakobson. Cette correspondance est conservée dans deux fonds d’archives : dans le fonds Claude Lévi-Strauss de la Bibliothèque Nationale de France (NAF 28150) et dans le fonds Roman Jakobson de l’Institute Archives and Special Collections of Massachusetts Institute of Technology (MC.0072).7 La majeure partie des lettres échangées par les deux savants a récemment été éditée par Emmanuelle Loyer et Patrice Maniglier. Cette édition (désormais Jakobson & Lévi-Strauss 2018) compte 162 lettres échangées entre les deux savants, auxquels ont été ajoutés quelques documents annexes.8

9La trentaine de lettres que nous publions ici sont issues des deux mêmes fonds d’archives : elles s’insèrent dans les lettres disponibles dans l’édition Jakobson & Lévi-Strauss 2018. Plusieurs éléments de ces lettres ne se comprennent qu’en prenant en compte la correspondance précédemment éditée : non y renvoyons en notes quand c’est nécessaire. Inversement, ces nouveaux documents comblent les trous de la correspondance connue jusqu’ici.

10Ces nouvelles lettres viennent compléter, voire modifier, l’interprétation que l’on peut donner de certains épisodes à partir de la documentation éditée : sur le séjour de Lévi-Strauss aux Etats-Unis en 1952, sur l’écriture des « Chats », sur leur engouement commun pour les anagrammes de Saussure, sur le conflit entre Jakobson et Greimas en 1970, etc. D’autres éléments, absents de la documentation disponible jusqu’ici, émergent à notre connaissance : c’est par exemple le cas des échanges des deux savants autour du Gilyak puis, dans les années 1970, de la publication des Six leçons sur le son et le sens. Ces nouvelles lettres, à croiser avec les précédentes, ne sont que quelques vestiges de quarante ans de discussion scientifique. Elles témoignent néanmoins des ressorts d’une collaboration et d’une amitié intellectuelles parmi les plus fécondes du XXe siècle.

Conventions éditoriales

11Nous avons adopté pour l’édition de ces lettres les conventions suivantes :

  • Les en-tête des papiers à lettres et les adresses sont transcrits en italique
  • < … > indique un ajout interlinéaire ou marginal
  • XXX indique un texte barré

12Les soulignements sont rendus par des italiques. L’orthographe et la ponctuation des lettres ont été normées (sauf pour les nom propres).

13J’ai plaisir à remercier Mesdames Monique Lévi-Strauss et Linda R. Waugh, directrice exécutive du Roman Jakobson Trust, de m’avoir autorisé à publier ces lettres. Je tiens également à remercier les archivistes de la Bibliothèque Nationale de France et de l’Institute Archives and Special Collections du MIT.

[1]
Roman Jakobson Papers, MC 72, box 13, folder 42
Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
[1943-1945]

LATIN AMERICAN CENTER
Ecole libre des Hautes Etudes
66 fifth avenue
New York 11
GRamercy 7-8464
Centre d’études et d’informations pour les relations avec l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud

Office Directeur
Gilbert Chinard
Jacques Maritain
Alfred Metraux
Boris Mirkine-Guetzevitch
Francis Perrin
Paul Rivet
Claude Lévi-Strauss, Secrétaire Général

Cher ami,

14À propos de pandf. Je cite Benedict9 sur la Chine archaïque : « sěng is simply another semanticization of sěng (shêng) 生 “to bring into life, bear, produce” while the primary meaning of t’ciwat (ch’u) 出 is “to go out ”, whence “to produce, beget” ». Or, les deux termes signifient, l’un fils du frère de la mère de la sœur (pour un homme) l’autre fils du frère (pour une femme) c’est-à-dire, précisément, ceux qui, en Gilyak,10 sont compris sous le nom de pandf.

15Benedict donne des parallèles thibetains avec tsha petit fils, neveu, btsa-ba « to bear, bring forth », tsilag

16Dans ces conditions, peut-on faire quelque chose des termes suivants :

« gendres » « beaux-pères »
Gilyak
  • imgi
  • axmalk
  • navx
  • atk
  • Rengma Naga achugü ami
    Lhota naga onung omo
    So Naga amok okhu
    Sema Naga
  • achi
  • angu
  • afikeshiu
  • angulimi
  • Katchin khri cha, tsa

    [2]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 43, folder 33
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    11/06/1947

    Ambassade de France

    Le conseiller culturel 2312
    934 Fifth avenue
    New York 21, N. Y.
    Rhinelander 4-8900


    New York , le 11 juin 1947


    Monsieur R. Jakobson
    205 West 88th Street
    New York, New York

    Cher ami,

    17Ci-joint copie de la lettre que je reçois de Goris.11 Elle explique, au moins en partie, le silence de Grégoire.12

    Amitiés,

    Claude Levi-Straus

    Copie

    189 juin 1947

    19Mon cher Collègue,

    20Comme je vous l’avais promis, j’ai soumis au Département des Affaires Etrangères dont mon Office relève, la proposition d’acheter un certain nombre d’exemplaires du travail de MM. Grégoire et Jacobson à concurrence de 500 dollars.13

    21En date du 19 Mai, le Ministre me répond en ces termes :

    22« Il ne me paraît pas possible d’engager cette dépense qui relève essentiellement de l’Ecole des Hautes Etudes ou de l’initiative personnelle des auteurs de la traduction. Cette décision est notamment motivée par la récente attribution d’une subvention à l’Ecole Libre des Hauts Etudes, qui bénéficie directement de la sorte d’une marque d’intérêt du Gouvernement belge. »

    23Je suppose que M. Grégoire trouvera moyen de régler l’affaire dans le sens marqué par la décision du Ministre.

    24Croyez, Mon cher Collègue, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

    25Jan-Albert Goris

    [3]
    BNF, NAF 28150, 166
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    22/04/1950

    Claude Lévi-Strauss
    Musée de l'Homme
    Palais de Chaillot
    Paris 16
    France

    26Please correct the confusing misprint in the diagram on page 209 of my paper in the Recherches structurales,14 1949 :

    27under k, g, x the « plus » in the rubric Gravity was unfortunately omitted.

    28Your critical remarks on this paper15 will be highly appreciated for I am working now with John Lotz on a Primer of Phonemics.

    ROMAN JAKOBSON
    Harvard University
    Cambridge 38, Massachusetts

    [4]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 13, folder 42
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    [Juin 1950]

    Muséum national d'histoire naturelle
    Laboratoire d’ethnologie des hommes actuels & des hommes fossiles
    Musée de l'homme
    Palais de Chaillot
    Paris - 16
    Passy 74-46

    Référence à rappeler: Toute la correspondance doit être adressée à Mr. le Directeur du Musée de l’Homme, Palais de Chaillot, Paris 16e

    Cher Roman,

    29Nous avons les fiches originales de la collection Labbé,16 avec des indications de terminologie indigène. Elles sont à votre disposition. Dites-moi quand vous voulez les consulter.17

    Amicalement

    Claude Lévi-Stauss

    [5]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 43, folder 34
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    7/02/[1952]

    11, rue Saint Lazare, Paris 9

    le 7 Février

    Mon cher Roman,

    30J’ai reçu de Kluckhohn une « exploratory letter » au sujet de ma venue éventuelle à Harvard pour le Fall term.18 Comme je sais que vous n’y êtes pas étranger, je tiens à vous en remercier, et à vous tenir au courant.

    31Par ce courrier, je réponds à K. que je serais heureux d’accepter. Il y a toutefois certaines difficultés : 1) je suis obligé, pour beaucoup de raisons, à rentrer en France après Bloomington ;19 il faudrait donc que je revienne aux U.S. fin septembre, ce qui représentera évidemment des frais supplémentaires. 2) Du point de vue des autorisations officielles, la situation changerait du tout au tout si je pouvais être de retour pour le 1er janvier. Dans ce cas, aucune difficulté à prévoir. Si je dois rester jusque fin janvier, cela devient une autre catégorie d’autorisation et bien qu’il n’y ait pas lieu de prévoir un refus, cela fera des complications et du red tape. Si, comme le dit Koyré20, janvier est à Harvard une « reading period » sans cours ou presque, il serait très avantageux que l’invitation me libère pour Noël.

    32Il y a une autre difficulté, dont je ne parle pas à K., mais que vous pourrez peut-être m’aider à résoudre. C’est Monique Roman.21 Vous savez que sa famille maternelle est américaine et que sa mère habite Boston où elle est fonctionnaire de l’Etat de Massachussetts. Monique viendra donc avec moi en juin pour rendre visite à sa famille ; mais, pour des raisons financières, elle ne pourra pas revenir en août : elle restera donc aux U.S. chez les siens en attendant mon retour. Il lui faut donc un visa de plus de six mois, ce qui est impossible comme visiteur. Pourriez-vous donc lui obtenir un scholarship <(ou une invitation quelconque)> purement nominal (je veux dire ne comprenant rien d’autre que la tuition) pour travailler de juin 1952 à janvier 1953 dans votre département ? Cela lui permettrait d’obtenir un visa d’étudiant, et ne serait pas un mensonge puisqu’elle est, en fait, chargée de travaux linguistiques au Centre National de la Recherche Scientifique et peut présenter au Consulat américain des documents établissant cette qualité, et qu’elle est élève de Benveniste. Votre enseignement lui fera donc le plus grand bien. Inutile d’ajouter que, pendant tout notre séjour à Boston, elle habitera chez sa mère.

    33Je vous serait très reconnaissant si vous pouviez me répondre d’urgence à ce sujet, car comme nous devons partir pour New York fin mai, il n’y a pas de temps à perdre pour les demandes de visa. Je me réjouis infiniment de vous voir.

    Affectueusement,

    Claude Lévi-Strauss

    P.S.

    34Au cas où vous pourriez faire établir tout de suite le scholarship, voici les indications : Monique Roman, chargée de travaux au Centre National de la Recherche Scientifique, 9 bis rue de Magdebourg, Paris 16e. née le 5 mars 1926 à Paris. Nationalité belge. B.S. Sommons College, <(Boston)> 1947

    [6]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 43, folder 34
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    11/03/1952

    Roman Jakobson

    March 11, 1952

    Professor Claude Levy-Strauss
    11, rue Saint Lazare
    Paris 9e
    France

    Dear Claude,

    35I hope that the letter I recently sent to M. R.22 is sufficient for the purpose. Otherwise let me know what must be done.

    36I am looking forward to welcoming you here, and to discussing with you our newest common problems, and I am eager to hear your criticism concerning our Preliminaries.23

    37You probably saw the stupid letter published in the last issue of the American Anthropologist about your recent paper.24 When you will be here, I think it should be good to publish a short and chastising answer. I read a few Slavistic papers of the second of the two signers of the letter. They were of the lowest level.

    Yours as ever,

    rf/fs
    Roman Jakobson

    [7]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 43, folder 34
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    Fin juin / début juillet 1952

    Hotel Chelsea, room 624
    222 West 23rd Street, New York II, N.Y.

    Cher Roman,

    38Cher Roman,J’ai bien peur que vous n’ayez oublié ma lettre ; c’est fort ennuyeux parce que je l’attends, pour l’envoyer à mon avocat avec d’autres.25 Pouvez-vous faire cela pour moi le plus vite possible ? Je vous garantis qu’il n’en résultera pour vous nul ennui.

    39Il est possible que je passe par Boston, allant à Chicago, les lundi et mardi 14 et 15 juillet. Pensez-vous être à Harvard à ce moment ?

    Bien amicalement,

    Claude

    [8]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 43, folder 34
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    24/06/1952

    Roman Jakobson

    June 24, 1952

    Professor C. Lévi-Strauss
    c/c Mrs. Asja Minor
    734 Fifth Avenue
    New York, New York

    Dear Claude,

    40Permit me to express my deep regret at the news of your separation from Rose-Marie. You know the friendly feeling which binds me to both of you and I realize how painful this decision is for both of you. May I say, however, in my high admiration for your scholarly activities, that the duties your wonderful creative capacities impose upon you towards your country and towards modern science are so great and responsible that any impediment on this way is to be put aside, and I confess that the most friendly and frank conversations I repeatedly had with Rose-Marie strengthened the conviction in me that there was no genuine understanding on her side for your way of a scholar, full of labor and sacrifice. She did not want you to do what was simply necessary for the efficient development of your research work which is, I repeat, your primary obligation. In her ideal of life you occupied an entirely different place than is consonant with that of a pioneering scholar, feeling full responsibility before pupils, colleagues and the whole scientific society, as you really feel. All my observations persuaded me that a tragic conflict between her views and your moral obligations was inevitable.

    41I should like to finish this letter with the expression of a profound hope that after this separation, which became apparently unavoidable, both of you will find your independent ways to a better future.

    Yours sincerely,

    rf/fs
    Roman Jakobson

    [9]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 43, folder 34
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    09/07/[1952]

    le 9 juillet

    Cher Roman,

    42Merci de la lettre que j’ai reçue ce matin : elle est parfaite. La raison du retour est que vous l’aviez envoyée à une fausse adresse : 734 au lieu de 934 Fifth Avenue.

    43Vous ne me dîtes pas si vous serez à Boston le lundi 15, d’où je conclus que vous n’y serez pas. Si, par chance, vous vous y trouviez, vous pourrez m’atteindre à partir de dimanche soir chez Mrs R.E. Roman, 56 Gardner Street, Allston, Tel Stadium 2.8750. Je quitterai Allston pour Ann Arbor mardi matin de bonne heure. Ensuite Chicago : j’arriverai à Bloomington dans la soirée du 19.

    Bien cordialement,

    Claude Lévi-Strauss

    [10]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 50, folder 29
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    07/01/1953

    Cher Claude,

    44Ci-joint,26 pour votre information, copie de ma lettre à M.27

    Merci encore et affectueusement,

    Lévi-Strauss.

    [11]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 43, folder 33
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    25/09/[1955]

    École Pratique des Hautes Études
    Sciences religieuses
    à la Sorbonne
    11 rue Saint-Lazare
    Paris 9e

    le 25 septembre

    Cher Roman,

    45Quel est ce mystère ? J’ai trouvé votre télégramme en rentrant de vacances dans l’après-midi du 13, donc le jour même où vous annonciez votre arrivée. Pas de coup de téléphone, ni le soir ni le lendemain. Quelques jours plus tard, j’ai appelé Benveniste qui n’avait pas entendu parler de vous. Alors, je me suis dit qu’il y avait malentendu et que votre télégramme annonçait votre arrivée pour le mardi suivant. Rien encore ce jour-là. Franchement, je n’y comprends plus rien. Un mot de vous, de grâce, pour m’éclairer.28

    Bien affectueusement,

    Claude Lévi-Strauss

    [12]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 43, folder 33
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    18/08/1961

    August 18, 1961

    Mr. Claude Lévi-Strauss
    2 rue des Marronniers
    Paris 16, France

    Dear Claude:

    46I am delighted that you agree with having our joint work completed. Your additional remarks are very fruitful.29 In a few days I go to Europe and if my program materializes according to my plans, I hope very much, in the last days of September, to come for a week or so to Paris. I am ready and happy to work with you for a couple of days totally devoted to the CATS.30 Will Lacans be in Paris in the beginning of October ? Greet them for me and ask whether I would be welcome in their hospitable castle for a couple of days.31 I have to return then to Belgrade where on October 9 there begins a Session of the International Committee of Slavists. I have already made reservations for Warsaw, Paris and Belgrade with open dates.

    47Only yesterday I obtained Baudelaire’s AMANTS and shall study the poem in the light of your observations.

    48I am looking forward to your September meditations on the CATS so that we will be able to have a rapid finish or our vivisection at my Paris visit.

    49With warmest wishes to both of you,

    Yours affectionately,

    Roman Jakobson
    RJ:jw

    P.S.

    50Please write to me either at Boylston Hall 301, Harvard University, where I will be until the 28th of August, or to the Grand Hotel in Oslo where I will be for the first five days of September, or to Heltel Helsinki in Finland where I shall be September 6-9, or to Ohrid, Yugoslavia, XII° Congrès International des Études Byzantines where I shall be September 11 until 15, or in care of Professor Mayenowa, nowy-Swiat 72, Warsaw, where I intend to be from September 20 until the 25th or so.

    [13]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 15, folder 77
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    15/02/63

    Laboratoire d’anthropologie sociale du collège de France et de l’école pratique des hautes études
    19, avenue d’Iéna, Paris XVIe
    Tél : kle 76-59

    le 15/II/63

    Cher Roman,

    51Vérification faite, c’est bien Krause32, paraphrasant lui-même, semble-t-il, Langsdorff33 et Lisiansky.34 Il faudrait donc voir ces vieilles sources, car, dans Krause même, il n’y a pas grand chose sur le sujet.35

    Affectueusement

    Claude

    [14]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 144
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    [fin 1966-début 1967]

    Cher Roman,

    52voyez p. 15-16 cette preuve des anagrammes de Saussure,36 dont il aurait pleuré de joie !

    Affectueusement

    Claude

    [15]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 192
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    [1970]

    Pour Roman37

    53Et merci pour le beau sonnet de Shakespeare !38

    Affectueusement,

    Claude

    [16]
    BNF, NAF 28150 (193), f. 31
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    [1970]

    R. Jakobson
    301 Boylston Hall
    Harvard University
    Cambridge, Mass. 02138

    Prof. Claude Lévi-Strauss
    Collège de France
    11, Place Marcelin-Berthelot
    Paris 5e, FRANCE

    54Roman Jakobson thanks you for your kindness in sending

    55“LES CHAMPIGNONS DANS LA CULTURE : À propos d’un livre de M. R.-G. Wasson”.39

    56Splendide. Je voudrais bien vous revoir tous les deux. Serez-vous à Paris vers le milieu de septembre ? Comment va Benveniste ?40 Ecrivez moi.

    Roman

    [17]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 6, folder 8
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    7/01/1971

    Laboratoire d’anthropologie sociale du collège de france et de l’école pratique des hautes études
    Tel. 633.78.10 ou 033.61.60 et 326.26.53 (Poste 211)
    11 Place Marcelin Berthelot
    Paris 5

    le 7 janvier

    Cher Roman,

    57J’ai eu communication de la réponse que Greimas41 vous a faite en date du 18 décembre. Elle confirme, me semble-t-il, l’interprétation du sens et de la portée limitée de son entreprise telle qu’elle m’était d’abord apparue.42

    58Si le Centre d’Urbino adhère, comme Greimas le suggère, à l’Association internationale soit directement, soit par l’intermédiaire de l’Association italienne elle-même affiliée, cela devrait éliminer tout risque de malentendu. Quoi qu’il en soit, je n’ai aucun intérêt direct ou indirect dans cette affaire où j’ai seulement voulu témoigner de la complaisance à un collègue, et j’attendrai donc de connaître votre réaction à la lettre de Greimas avant de me manifester à celui-ci.

    Bien affectueusement,

    Claude

    [18]
    BNF, NAF 28150 (193), f. 35
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    16/12/1971

    16.XII.71

    Cher Claude,

    59Je viens de recevoir votre lettre du 13.XII. et j’accepte le changement.43 Je tacherai de d’arriver le 1. févr. au lieu du 2.févr. Dans une heure je quitte Cambridge pour une semaine.

    A bientôt!

    Roman

    [19]
    BNF, NAF 28150 (193)
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    06/01/1972

    [Carte postale représentant le navire N. S. Savannah sur le fleuve Savannah]

    Mr. Claude Lévi-Strauss
    2 rue des Marronniers
    Paris 16 (France)

    6.I

    60Cher Claude, nous sommes sur une île loin du continent : je pense à mes conférences parisiennes44 et l’idée m’est venue qu’on pourrait inviter la veuve de Meillet45 et l’écrivain Vladimir Pozner.46

    61<J’arrive le 1er févr. et je vous téléphone.

    Amitiés à vous deux et à bientôt !

    Roman>

    [20]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 4, folder 32
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    20/06/1972

    Roman Jakobson

    20 June 1972

    Profes Claude Lévi-Strauss
    2, rue des Marronniers
    Paris XVI

    Dear Claude,

    62I agree with your proposal for December, and perhaps the best time to deliver the four lectures would be between December 4th and 16th.47

    63Are you inclined to accept the Harvard invitation ? Superfluous to say that I would be really delighted if you said yes.

    Affectionately,

    Roman Jakobson

    [21]
    BNF, NAF 28150 (193), f. 36
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    10/04/1973

    Harvard University
    Slavic Languages and Literatures
    301 Boylston Hall
    Cambridge, Mass. 02138

    10.IV.73

    Cher Claude,

    64Comment va Mathieu ?48 Chez nous tout va bien, nous avons vraiment oublié la mésaventure parisienne et gardons un beau souvenir de Paris et de tout le voyage. Avez-vous reçu mes « Questions de poétique » et que pensez-vous du P.-S.49 ? J’ai beaucoup de travail, Krystyna50 aussi, nous passerons l’été à la campagne (Vermont) et nous avons promis de prendre part au Congr. Int. des Slavistes à Varsovie. Embrassez Monique !

    Affectueusement

    Roman

    [22]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 138
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    01/05/1973

    Collège de France Chaire d’anthropologie sociale

    Paris, le 1er mai 1973

    2, rue des Marronniers

    Cher Roman,

    65Merci de votre lettre du 26 avril. Je vous renvoie tout de suite par avion le texte de ma conférence de Banard tel que l’Unesco vient de le publier dans sa revue.51

    66En ce qui concerne les Chats, j’avoue ne plus me rappeler ce qui m’avait traversé l’esprit.52 Il me semble que cela avait à voir avec le double chiasme : ER/RB (e), (fun) EB/RE, souligné aussi, dans les mots “pris” et “coursiers”, par la place du r avant ou après la voyelle : CV/VC ; tandis qu’à la fin du quatrain, tout se passe comme si, en maintenant dans les deux derniers substantifs “servage” et “fierté” la position du r invariante (ER, ER), on exprimait les contrastes précédents non plus en noir et blanc pour ainsi dire, mais en couleur, à travers celui entre : serVAGE/fierTÉ, c’est-à-dire longue/brève, rime masculine/féminine, etc. Il y aurait ainsi une métamorphose d’un même contraste de schématique en qualitatif, de géométrique en sensible, etc. Mais, en vous écoutant, je devais avoir autre chose et plus dans l’esprit, car tout cela me paraît moins convaincant aujourd’hui.

    Bien affectueusement,

    Claude Lévi-Strauss

    [23]
    BNF, NAF 28150 (193), f. 37
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    21/08/1974

    21 VIII 74

    Cher Claude,

    67Je serais bien heureux de faire suite à votre amicale invitation et de venir à Lignerolles mais maintes complications techniques rendent ce voyage impossible. Je travaille sur mon bilan du structuralisme53 et j’ai tant de choses à discuter avec vous. En revenant de La Haye vers le 10 sept. je resterai encore quelques jours 3 rue de Lille et j’espère beaucoup nous revoir tous les deux ! Je vous envoie à vous deux mes affectueux souhaits et pensées.

    Roman

    [24]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 49, folder 18
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    17/09/1974

    Laboratoire d’anthropologie sociale du collège de france et de l’école pratique des hautes études
    Tel. 633.78.10 ou 033.61.60 et 326.26.53 (Poste 211)
    11 place Marcelin Berthelot
    75-Paris 5

    Paris, September 17, 1974

    Professor Roman Jakobson
    301 Boylston Hall
    Harvard University
    Cambridge, Mass. 02138
    U.S.A.

    Cher Roman,

    68Voici des précisions sur les deux ethnologues dont je vous ai parlé :

    1. Professor Kenelm Burridge, Head, Department of Anthropology and Sociology, The University of British Columbia, Vancouver 8, B.C., Canada.
    2. 2. C.G. von Brandenstein pour qui j’ai deux adresses :
      1. a) Department of Anthropology, University of Western Australia, Nedlands, W.A., Australia ;
      2. b) 75 Karlsruhe – 1, Stephaniestr. 42/II, West Germany.54

    69Il serait donc prudent de lui écrire aux deux.

    Affectueusement,

    Claude
    Claude Lévi-Strauss

    [25]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 192
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    [septembre-décembre 1974]

    70A Roman, pour un petit bout d’analyse structurale (p. 14-16).55

    Affectueusement,

    Claude

    [26]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 48, folder 68
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    9/10/1975

    Roman Jakobson

    October 9, 1975

    Prof. Claude Lévi-Strauss
    2, rue des Marronniers
    Paris XVI
    France

    Dear Claude,

    71A Leningrad scholar, Michel Meylakh, sent me through a friend of mine his study « Deux notes à propos des anagrammes », which he would like to have published in a French journal.56 It seems to me that the paper contains some interesting material and would be appropriate for L’Homme after a correction of its French. Herewith I am sending you a Xerox of this paper and would appreciate communication of your decision.

    72I am working assiduously on proofs and some new papers and send to both of you my warmest wishes.

    Affectionately,

    Roman Jakobson
    mlt

    [27]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 48, folder 68
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    14/10/1975

    Laboratoire d’anthropologie sociale du collège de france et de l’école pratique des hautes études
    Tel. 633.78.10 ou 033.61.60 et 326.26.53 (Poste 211)
    11 place Marcelin Berthelot
    Paris 5

    Paris, October 14, 1975

    Professor Roman Jakobson
    301 Boylston Hall
    Harvard University
    Cambridge, Mass. 02138
    U.S.A.

    Cher Roman,

    73Je vous remercie d’avoir pensé à L’Homme pour l’article du Dr Meylakh. Je l’ai lu et le trouve intéressant, mais la décision ne m’appartient pas. Comme vous le savez peut-être, le vieux comité de direction de L’Homme a passé ses pouvoirs à un conseil de rédaction composé de membres plus jeunes, et nous prenons soin les uns les autres de ne pas peser sur leur jugement. Toutefois, je suis convaincu que l’intérêt de publier dans L’Homme une collaboration russe emportera leur accord. Le principal ennui est qu’il faudra pratiquement réécrire tout l’article, mais en ce cas on ne manquera pas d’envoyer le texte à l’auteur pour qu’il l’approuve avant publication.

    74J’ai bien reçu vos deux tirés-à-part et vous en remercie. Mon livre sur les masques57 sort ces jours-ci et on vous l’enverra aussitôt.

    Affectueusement,

    Claude
    Claude Lévi-Strauss

    [28]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 49, folder 3
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    02/12/1975

    Roman Jakobson

    December 2, 1975

    Prof. Claude Lévi-Strauss
    2, rue des Marronniers
    Paris XVI
    France

    Dear Claude,

    75I was happy to learn that your Masques appeared and I hope that according to Skira’s tradition I will soon receive a copy.

    76The typescript of my Six leçons sur les Sons et le Sens of 1942 has best been received by Lindon58 and is to appear in Les Editions de Minuit. As I promised you, I am airmailing you under separate cover a copy of these lessons and I shall be most grateful to you if you write your promised Preface or Introduction. Send it directly to Lindon, who is eager to have it.

    77I preserved the title my lectures had in the program of the Ecole. Lindon writes me : « Ne croyez-vous pas que Six leçons sur Son et Sens (en supprimant les articles) serait encore meilleur, en français ? À vous d’en décider. » Tell me, Claude, what is your opinion ? It seems to me that the title of 1942 with the pun leçons – les sons is preferable.

    78With warmest regards to both of you,

    Yours as ever,

    Roman Jakobson
    /mlt

    [29]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 49, folder 3
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    10/12/1975

    Laboratoire d’anthropologie sociale du collège de france et de l’école pratique des hautes études
    Tel. 633.78.10 ou 033.61.60 et 326.26.53 (Poste 211)
    11 Place Marcelin Berthelot
    Paris 5

    10/XII/75

    79Cher Roman, merci de votre lettre et de la copie de votre texte qui est arrivée peu après. Je commencerai à l’étudier pendant les prochaines vacances de Noël que nous passerons à Lignerolles.

    80Le titre que vous suggère Lindon est très mauvais : ce n’est même pas du bon français. Mais je vous avoue que le jeu sur leçons – les sons ne m’enthousiasme pas non plus, car il ne fait pas ressortir un second sens, caché. C’est une plaisanterie gratuite, et, en ce cas, mieux vaudrait la rendre encore plus franche en disant : « Six leçons sur le son (au singulier) et le sens », ce qui épargnerait la dissonance : leçons – les sons.

    81Après enquête, les « Republications Paulet » ont mis en vente « Les Chats » dès mai 1971 ; et ce qu’on voit aujourd’hui en librairie n’est donc qu’une réimpression. Même si vous n’avez pas donné votre autorisation il y a cinq ou six ans, on ne peut plus grand-chose maintenant : trop de temps a passé, et on nous objectera que nous aurions dû nous manifester plus tôt.

    82Je vous ai fait envoyer « La Voie des masques » dans les premiers jours de novembre. Si le livre ne vous est pas encore parvenu, il ne devrait en tout cas plus tarder.

    83Monique se joint à moi pour vous envoyer <adresser> à tous deux nos vœux très affectueux pour Noël et la nouvelle année.

    Claude

    [30]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 49, folder 3
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    23/02/1976

    Roman Jakobson

    February 23, 1976

    Prof. Claude Lévi-Strauss
    2, rue des Marronniers
    Paris XVI
    France

    Dear Claude,

    84I just received a brief letter from Lindon asking how things are going with your promised note for my book. I suspect a misunderstanding : he is waiting for your note and you for a request from him. If there is no other reason for your silence, please arrange this question with Lindon.

    85With warmest wishes to Monique and to you,

    Yours affectionately,

    Roman Jakobson

    [31]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 49, folder 3
    Claude Lévi-Strauss à Roman Jakobson
    24/02/1976

    Laboratoire d’anthropologie sociale du collège de france et de l’école pratique des hautes études
    Tel. 633.78.10 ou 033.61.60 et 326.26.53 (Poste 211)
    11 Place Marcelin Berthelot
    Paris 5

    le 24/II/76

    Cher Roman,

    86Je suis confus d’avoir tant tardé sur cette préface, mais, en pleine période de cours, je suis tombé malade pendant près de trois semaines. Rien de grave : une inflammation des sinus qui s’est montrée tenace, mais qui m’a donné de la fièvre et de tels maux de tête que je ne pouvais rien faire ; d’où un retard considérable et qu’il m’a fallu rattraper.

    87Je vous soumets mon texte que vous recevrez sous enveloppe séparée, avec une liste de quelques fautes de frappe et légères impropriétés que j’ai relevées en lisant votre dactylogramme.

    88Le passage de ma préface relatif à Troubetzkoy59 répond implicitement à Mounin et à Haudricourt60 qui ont affirmé que pour Troubetzkoy, le phonème est conscient parce qu’il l’a défini comme « ce que l’on croit entendre ».61 Si vous n’êtes pas d’accord avec ce que j’écris à ce sujet et à d’autres, n’hésitez pas, je vous prie, à faire des coupures.

    Affectueusement,

    Claude

    [32]
    BNF, NAF 28150 (193), f. 43
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    [fin février-début mars 1976]

    Claude Lévi-Strauss
    2 rue des Marronniers
    Paris 16

    89Vividly touched by remarkable preface and impressed by anthropological correspondences. I ask you to pass manuscript on to Lindon.62

    Roman

    [33]
    BNF, NAF 28150 (193), f. 40
    Roman Jakobson à Claude Lévi-Strauss
    20/05/1976

    Roman Jakobson
    Harvard University - Cambridge Massachussets 02138
    Department of Slavic languages and literatures
    301 Boylston Hall
    Telephone: (617) 495-4065

    May 20, 1976

    Prof. Claude Lévi-Strauss
    2 rue des Marronniers
    Paris XVI
    France

    Dear Claude,

    90I received the proofs of Son et sens and was once more vividly impressed by your introduction. In case you have difficulties putting in the numbers of the pages quoted, I tentatively included the numbers in the copy of the proofs I am sending to Lindon. But I could not find the quotation you refer to on page 13, line 9 of the proof text of your Introduction.

    91At present I am working on several things which would be nice to discuss with you : first, the language and poetry of schizophrenia.63, second, a revision of certain fundamental questions related to the ultimate constituents of language.64 I promised lectures in Bergen for early September.65 and perhaps it would be possible for me to stop in Paris for a good talk on my way back to Cambridge. (late september)

    92To both of you my and our heartiest wishes for a beautiful summer.

    Affectionately,

    Roman

    [34]
    Roman Jakobson Papers, MC 72, box 2, folder 1
    Claude Lévi-Strauss à Krystyna Pomorska
    24/07/1982

    le 24 juillet 1982

    Chère Krystyna,

    93Un télégramme n’aurait plus guère de sens, puisque c’est aujourd’hui seulement que me parvient le vôtre, dans la campagne reculée où nous passons l’été.66 Et puis, dans l’émotion de cette dramatique nouvelle, les paroles rapides me manquent. Roman fut un très grand homme. Le dernier, sans doute, de ce calibre à notre époque ; et ma dette intellectuelle envers lui est immense. Pour moi, sa disparition n’est pas seulement celle d’un des plus puissants esprits de ce siècle : elle abolit tout une période, la plus vivante et la plus féconde de mon passé, durant laquelle, à son contact et fort de son amitié, mes idées essentielles prirent définitivement forme. L’œuvre qu’il laisse est si vaste, si variée, que les commentateurs s’exerceront pendant des dizaines et des dizaines d’années à mettre en lumière toutes ces richesses. Il survivra ainsi.

    94Monique se joint à moi, chère Krystyna, pour vous dire la part que nous prenons à votre douleur et, en ces moments cruels, vous assurer de notre amitié fidèle et désolée.

    Claude Lévi-Strauss

      Notes

    • 1 Cf. Cassirer (1948 : 260-267) et Sebeok (1991 : 38). Dans un entretien donné en 1972, Jakobson rappelle qu’au retour le Remmaren a sauté sur une mine avec son capitaine.
    • 2 Sur cette institution, cf. Rutkoff & Scott (1983), Zolberg & Callamard (1998), Chaubet & Loyer (2000), Duranton-Cabrol (2000), Testenoire (à paraître).
    • 3 Sur l’importance de la rencontre entre Jakobson et Lévi-Strauss : cf. Constantini (2010), Loyer (2015 : 290-292), Jakobson & Lévi-Strauss (2018 : 9-46).
    • 4 La surévaluation de l’importance accordée à cette rencontre dans l’historiographie du structuralisme prend place dans un modèle qui explique la genèse des structuralismes d’après-guerre par la transmission des idées de Saussure à Lévi-Strauss, grâce à l’intermédiaire de Jakobson. Cette filiation génétique correspond à ce que Flack (2016) propose d’appeler le « modèle français » de l’historiographie du structuralisme. Ce « modèle français » est bien représenté par l’approche de Dosse (1991-1992) qui fait commencer son Histoire du structuralisme en 1945 après la rencontre des deux « héros » ou, plus près de nous, par l’introduction de Loyer et Maniglier aux lettres de Jakobson et Lévi-Strauss (2018).
    • 5 Une partie de ces cours a été publié, en 1976, sous le titre Six leçons sur le son et le sens.
    • 6 Le Figaro, les Lettres françaises et La Quinzaine littéraire rendent compte de l’évènement.
    • 7 Les catalogues de ces deux fonds d’archives sont disponibles en ligne :Fonds Claude Lévi-Strauss de la Bibliothèque Nationale de France (NAF 28150); Roman Jakobson Papers, Institute Archives and Special Collections of Massachusetts Institute of Technology (MC.0072). V. également D’Ottavi (2018) pour une présentation des intérêts multiples du fonds Roman Jakobson.
    • 8 L’édition intègre quatre lettres qui ne sont pas échangées entre les deux savants : 1) Une lettre de Lévi-Strauss à Henri Seyrig (6 octobre 1945) ; 2) une lettre de Clyde Kluckhohn adressée à Lévi-Strauss 24/11/53 3) une lettre de Monique Lévi-Strauss à Jakobson (28/11/59) 4) une lettre de l’assistante de Jakobson, Pamela Chester, à Lévi-Strauss (10/10/1972).
    • 9 Ruth Benedict (1887-1948), anthropologue américaine.
    • 10 L’article « Notes on Gilyak » paraît en 1957 mais Jakobson indique l’avoir commencé en Norvège en 1939-1940, y avoir travaillé à Stockholm puis en avoir discuté avec Cassirer lors de la traversée pour New York.
    • 11 Jan Albert Goris, dit Marnix Gijsen (1899-1904), écrivain et diplomate belge, qui dirige alors le Belgian Government Information Center à New York.
    • 12 Henri Grégoire (1881-1964), byzantiniste de nationalité belge. Il est alors directeur de l’Ecole libre des Hautes études. Collègue de Jakobson à l’Institut de philologie et d’histoire orientales et slaves, il anime avec lui de 1942 à 1944 un cycle de conférences et de séminaires autour du poème épique Le Dit d’Igor.
    • 13 Projet d’édition de la Geste d’Igor, qui paraît sous la responsabilité de Grégoire et de Jakobson en 1948.
    • 14 Jakobson désigne ainsi son article « On the Identification of Phonemic Entities » paru dans les Travaux du Cercle Linguistique de Copenhague 5, 1949, p. 205-213.
    • 15 Il s’agit de « Notes on the french phonemic pattern » de Jakobson et Lotz paru dans Word 5, n° 2 août 1949 et dont le tiré à part accompagne l’envoi de cette carte.
    • 16 Paul Labbé (1667-1943) est un linguistique et ethnologue français spécialiste de la Russie orientale. Les collections ethnographiques qu’il rapporte de ses voyages en Extrême-Orient russe sont déposées au Musée Guimet, au Museum d’Histoire naturelle et au Musée d’ethnographie du Trocadéro que le Musée de l’Homme vient remplacer en 1937.
    • 17 Claude Lévi-Strauss est sous-directeur du Musée de l’Homme de mars 1949 à fin 1950. Jakobson donne deux conférences au Musée de l’homme les 20 et 23 juin 1950 sur « les sons et les sens dans la linguistique actuelle » et sur « la mythologie slave ». C’est vraisemblablement à l’occasion de ce séjour à Paris que Jakobson cherche à consulter les fiches de la collection Labbé pour son travail sur le Gilyak.
    • 18 Clyde Kluckhohn (1905-1960) est un anthropologue américain, collègue de Jakobson à l’Université d’Harvard. La lettre de Kluckhohn à Lévi-Strauss est une invitation à donner des cours pendant le semestre d’automne 1952 à Harvard. Il est question de ce projet dans la correspondance depuis mai 1951 (Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 139-146).
    • 19 Il s’agit de la Conference of Anthropologists and Linguists qui se tient en juillet 1952 à Bloomington, dans l’Indiana, et à laquelle doivent participer Jakobson et Lévi-Strauss.
    • 20 Alexandre Koyré (1892-1964), philosophe et historien des sciences.
    • 21 Monique Roman, née en 1926, que Claude Lévi-Strauss épousera en 1954.
    • 22 Monique Roman, cf. supra la lettre du 7/02/1952.
    • 23 Preliminaries to Speech Analysis, que Jakobson vient de publier en collaboration avec C. Gunnar M. Fant et Mauris Halle.
    • 24 Il s’agit de l’article d’Omar Khayyam Moore et de David L. Olmsted, « Language and Professor Lévi-Strauss » paru dans American Anthropologist 54, n° 1, 1952 p. 116-119 qui est une critique de « Language and the analysis of social laws » que Lévi-Strauss a publié, dans la même revue, l’année précédente. Avant même la réception de cette lettre, Claude Lévi-Strauss écrit à Jakobson le 13 mars pour dire son agacement devant cette attaque. Comme le constate Jakobson quelques jours plus tard : « Nos lettres se sont croisées » (Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 148-151).
    • 25 Cette lettre – cf. infra – concerne le divorce avec Rose-Marie Ullmo, la deuxième épouse de Lévi-Strauss.
    • 26 Claude Lévi-Strauss joint une copie de la lettre à Max Millikan, datée du même jour, dans laquelle il demande une subvention de 2000 dollars pour l’organisation d’un séminaire sur l’utilisation des mathématiques dans les sciences sociales. Le séminaire a lieu en 1953-1954 à l’Unesco sous l’égide du Conseil international des sciences sociales. Sur ce séminaire dans la correspondance, v. Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 166-188.
    • 27 Max Millikan (1913-1969) directeur du Center for International Studies du MIT.
    • 28 Le contexte de cette lettre est aussi mystérieux pour nous que l’est le silence de Jakobson pour Lévi-Strauss. Seule l’indication du 11 rue Saint Lazare permet de situer la lettre entre 1953 et 1957. La mention du « 13 » puis du « mardi suivant » invite à la situer en 1955 où le 13 septembre tombe un mardi, et qui correspondrait à la venue en Europe de Jakobson pour sa participation au troisième Congrès international des slavistes qui se tient à Belgrade du 15 au 21 septembre. Cette lettre rompt le silence de la correspondance entre 1954 et 1958 et relativise l’hypothèse d’une brouille durable entre les deux savants.
    • 29 Jakobson fait allusion aux remarques sur la première version de l’analyse des Chats de Baudelaire que Lévi-Strauss envoie dans sa lettre du 31 juillet 1961 (Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 235-240).
    • 30 La rédaction à quatre mains de l’article sur les Chats intervient fin septembre-début octobre 1961 lors du passage de Jakobson à Paris. Lévi-Strauss l’évoque dans ces termes une vingtaine d’années plus tard : « Quand [Jakobson] est revenu à Paris, nous nous sommes un matin attablés à ce bureau. Je tenais la plume, et nous avons rédigé ensemble, pesant et discutant chaque mot. Cela a duré toute la journée. » (Lévi-Strauss & Eribon [1988] 1990 : 230).
    • 31 Jakobson a pris l’habitude de loger, lorsqu’il vient à Paris, dans la maison de Jacques et Sylvia Lacan à Guitrancourt.
    • 32 Aurel Krause (1848-1908) géographe allemand. À l’issue de recherches ethnographiques en Sibérie et en Alaska, il fait paraître un ouvrage sur les Tlingit, qui est traduit en anglais en 1956, sous le titre : The Tlingit Indians: Results of a Trip to the Northwest Coast of America and the Bering Straits. C’est à cet ouvrage que renvoie ici Lévi-Strauss.
    • 33 Georg Heinrich von Langsdorff (1774-1852), naturaliste et ethnographe allemand.
    • 34 Yuri F. Lisiansky (1773-1837) explorateur russe, auteur de récits de voyage.
    • 35 Cette lettre fait suite à une lettre datée du 6/02/1963 où Jakobson demande des « informations plus précises sur la divinité Nanauk des Indiens américains de la côte nord-ouest » (v. Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 262-264). Le « retrospect » des Selected Writings IV consacré aux épopées slaves contient effectivement une allusion à la divinité Nanauk des Tlingit (Jakobson 1966 : 650) mais sans référence aux sources indiquées ici par Lévi-Strauss.
    • 36 Claude Lévi-Strauss envoie un tiré à part de l’article de Paul Ottino, « Un procédé littéraire malayo-polynésien. De l’ambiguïté à la pluri-signification », L’Homme 6, n°4, p. 5-34. Voici le passage où Lévi-Strauss voit une preuve des anagrammes de Saussure que Jakobson vient de lui faire découvrir avec enthousiasme : « Lors d’un travail historique conduit dans l’atoll de Rangiroa, désireux de vérifier les idées que les actuels habitants de l’atoll se faisaient de leur propre passé, ma seule possibilité fut de recourir à d’autres sources que les informations orales, c'est-à-dire (les documents d’origine européenne faisant totalement défaut), aux seules traditions locales, qui consistent essentiellement en généalogies et en chants déclamatoires appelés fa’atara. Généalogies et fa’atara, transcrits il y a un siècle au moment de la christianisation, ont été consignés dans les « livres d'ancêtres », les puta tupuna, conservés d’autant plus jalousement que les généalogies permettent d'établir les droits aux terres. Dès que je pus avoir accès à ces documents, ma déception fut grande car les interprétations des textes variaient largement selon les commentateurs. Après avoir mis ces divergences sur le compte de l’oubli et de la méconnaissance réelle des Polynésiens d’aujourd'hui à l'égard des choses du passé, je fus fortement ébranlé le jour où étudiant un certain fa’atara, avec M. Tuarue Haoa du village de Tiputa, il se révéla que des mots formant un ensemble doué de sens étaient en même temps des noms de personnes dont la succession constituait bel et bien une généalogie, et, qui plus est, une généalogie que je venais de relever l’avant-veille dans un autre puta tupuna. Dès lors il était difficile de prétendre à une simple coïncidence et la pluri-signification pouvait difficilement ne pas être intentionnelle. Cette réflexion exprimée à haute voix fut immédiatement confirmée par mon interlocuteur qui, sans y prêter une grande attention, remarqua qu'effectivement, « s’il possédait déjà un sens, le texte était quand même aussi (noa’tu) une généalogie ». (Ottino 1966 : 15-16)
    • 37 Envoi dédicacé du tiré à part de l’article « Les champignons dans la culture », L’Homme 10/1, p. 5-16.
    • 38 Jakobson Roman & Jones Lawrence G., Shakespeare's Verbal Art in the Experience of Spirit, Mouton, The Hague, 1970.
    • 39 Article de Lévi-Strauss paru dans L’Homme 10/1, p. 5-16.
    • 40 Emile Benveniste (1902-1976) linguiste français, alors aphasique suite à une attaque cérébrale survenue fin 1969.
    • 41 Algirdas Julien Greimas (1917-1992), linguiste et sémioticien d’origine lithuanienne.
    • 42 Cette lettre prend place dans la controverse entre Greimas et Jakobson, alors président provisoire de l’Association Internationale de Sémiotique, au sujet de la création du Centre international de sémiotique et de linguistique d’Urbino. Cette controverse est déjà évoquée dans des lettres datées du 22/12/1970 et du 05/01/1971 (Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 290-292). Claude Lévi-Strauss réagit ici à la réponse que Greimas a faite à Jakobson et qu’il a reçue en copie en tant que membre du comité scientifique du Centre d’Urbino.
    • 43 Ce changement concerne le programme des quatre conférences que Jakobson donne au Collège de France du 3 au 8 février 1972.
    • 44 Cf. supra, note de la lettre précédente.
    • 45 Mercedes Meillet (1885-1975) veuve du linguiste Antoine Meillet (1866– 1936). Jakobson était alors en contact avec Madame Meillet qui lui avait transmis une lettre de Ferdinand de Saussure découverte dans la bibliothèque de son mari en 1970. Cette lettre est publiée par Jakobson dans L’Homme en 1971 (v. Jakobson & Lévi-Strauss : 287-289).
    • 46 Vladimir Pozner, (1905-1992) écrivain français d’origine russe, proche d’Elsa Triolet (1896-1970) que Jakobson connaît depuis l’enfance.
    • 47 Il s’agit du second cycle de conférences au Collège de France que Jakobson doit donner en décembre 1972. Cette lettre est une réponse à celle de Lévi-Strauss datée du 15/06/1972 (v. Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 305).
    • 48 Fils de Lévi-Strauss, né en 1957, alors malade, comme l’indique la réponse à cette lettre (Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 313).
    • 49 Le long « Postscriptum » des Questions de poétique est une réponse de Jakobson aux critiques suscitées par ses travaux de poétique et spécifiquement par son analyse des « Chats » écrite avec Lévi-Strauss.
    • 50 Krystyna Pomorska (1928-1986), slaviste polonaise, spécialiste de littérature russe et dernière compagne de Jakobson.
    • 51 Il s’agit de « Structuralism and ecology », Social science information 12, n°1, 1973, p. 7-23, qui est issu d’une conférence donnée au Banard College le 28 mars 1972.
    • 52 Lévi-Strauss répond directement à une demande de Jakobson au sujet des « Chats » : « Après ma conférence au Collège, vous m’avez dit que vous aviez eu d’autres idées au sujet d’Érèbe. À plusieurs reprises, j’ai voulu vous demander quelle était cette nouvelle intuition, mais nous avions tant de choses à discuter et nos rencontres ont été si brèves que j’ai été privé de votre suggestion. Pourriez-vous s’il vous plaît me dire ce que vous aviez à l’esprit ? » (Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 314).
    • 53 Ce bilan du structuralisme correspond vraisemblablement à l’« article pour les italiens » que Jakobson évoque dans une lettre datée du 26 avril 1973 (Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 314). Jakobson répond à une proposition de l’Istituto dell’Enciclopedia Italiana de rédiger l'entrée « Structuralism » de l’Enciclopedia del Novecento. Cette entrée ne sera finalement pas publiée, bien que les archives de Jakobson conservent un état avancé de ce travail (v. Roman Jakobson Papers, MC 72, box 35, folders 76-78).
    • 54 Ces demandes sont liées à la préparation du colloque Interdisciplinäres Symposium Roman Jakobson qui se tient à l’Université de Bielefeld, les 21 et 22 mai 1975.
    • 55 Lévi-Strauss envoie son discours de réception à l’Académie française du 27 juin 1974 qui vient d’être publié par l’Institut (Lévi-Strauss 1974). Jakobson répond à cet envoi le 4 décembre 1974 (Jakobson & Lévi-Strauss 2018 : 321).
    • 56 Le texte est issu d’une conférence prononcée au Département de Linguistique Structurale de l’Institut de Slavistique à Moscou le 23 septembre 1975. Il sera publié sous le titre « À propos des anagrammes » dans L’Homme 16/4, 1976, p. 105-115.
    • 57 Il s’agit de La voie des Masques, Genève, Skira, 1975.
    • 58 Jérôme Lindon (1925-2001), directeur des éditions de Minuit.
    • 59 Nikolaï Sergueïevitch Troubetzkoy (1890-1938), linguiste russe, proche de Jakobson, qui a participé comme lui aux travaux du Cercle Linguistique de Prague et contribué au développement de la phonologie structurale.
    • 60 Georges Mounin (1910-1993) et André-Georges Haudricourt (1911-1996), deux linguistes proches d’André Martinet avec lequel Jakobson est en conflit ouvert depuis 1955.
    • 61 Voici le passage de sa préface auquel Lévi-Strauss fait ici allusion : « On a parfois contesté que dès sa naissance, et notamment chez Troubetzkoy, la théorie phonologique impliquât le passage à l’infrastructure inconsciente. Or, il n’est que de comparer la critique faite ici de Ščerba par Jakobson pour voir qu’elle coïncide en tous points avec celle formulée par Troubetzkoy, ce qui n’a rien d’étonnant quand on se souvient de l’intimité qui régnait entre leurs pensées : « Ščerba et quelques autres élèves de Baudoin de Courtenay, écrit Jakobson (…) ont fait appel à la conscience linguistique du sujet parlant » (p. 52) faute d’avoir compris que « les éléments de la langue restent en dessous du seuil de notre dessin réfléchi. Comme disent les philosophes, l’activité linguistique fonctionne sans se connaître » (p. 53). Et Troubetzkoy : « Le phonème est une notion linguistique et non pas psychologique. Toute référence à la “conscience linguistique” doit être écartée en définissant le phonème » (Principes de phonologie, p. 42 de la traduction française). La résolution du phonème en éléments différentiels, pressentie par Troubetzkoy mais accomplie pour la première fois par Jakobson en 1938, devait définitivement permettre « objectivement et sans aucune équivoque » d’écarter tout recours à la « conscience des sujets parlants » (p. 93). La valeur distinctive des éléments constitue le fait premier, et notre attitude plus ou moins consciente vis-à-vis de ces éléments ne représente jamais qu’un phénomène secondaire » (p. 53) ». (Lévi-Strauss in Jakobson 1976 : 13-14).
    • 62 Suite à ce câble, Jakobson écrit à Jérôme Lindon, le 4 mars, pour lui annoncer la réception de la préface et lui transmettre la liste de corrections que Lévi-Strauss lui a envoyée dans la lettre précédente (cf. Roman Jakobson Papers, MC 72, box 49, folder 3).
    • 63 En 1976, Jakobson fait paraître, en collaboration avec Grete Lübbe-Grothues, un article sur les rapports entre schizophrénie et poésie chez Hölderlin (Jakobson & Lübbe Grothues 1976).
    • 64 « The ultimate constituents of language » est le titre de travail d’un ouvrage qui paraîtra, en collaboration avec Linda Waugh sous le titre The Sound Shape of Language en 1979.
    • 65 Du 6 au 11 septembre, Jakobson donne un cycle de conférences intitulé « Three Lectures on Structuralism » à l’Université de Bergen.
    • 66 Roman Jakobson décède le 18 juillet 1982 à Cambridge.

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    Publication details

    Published in:

    Aurora Simone (2019) Acta Structuralica 4.

    Paragraphs: 657

    Online since: 30th December 2019

    DOI: 10.19079/actas.2019.4.2

    Full citation:

    Testenoire Pierre-Yves (2019) „Compléments à la correspondance Jakobson - Lévi-Strauss“. Acta Structuralica 4.