Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

165836

"Les salons disent le faux, les tombeaux disent le vrai." Heine, penseur de l'histoire

Gerhard Höhn

pp. 73-87

Abstract

Heine s’est réclamé de la pensée progressiste des Lumières, de la dialectique hégélienne et de la doctrine de Saint-Simon. Mais sa conception paraît si actuelle aujourd’hui parce que, tout en étant fondamentalement progressiste, elle n’a jamais été totalement linéaire. Ainsi, sa philosophie de l’histoire est constamment corrigée par le souvenir des sacrifices et des souffrances que le progrès inflige aux hommes. Or, mettant en avant, d’un point de vue méthodologique, son dessein essentiel : dégager la vérité des tombeaux, le poète annonce la pensée d’un Walter Benjamin qui a demandé à l’historiographe de ne pas abandonner « les morts » à la merci des « vainqueurs » de l’histoire. Le credo progressiste est également corrigé par la thèse selon laquelle le processus de civilisation implique nécessairement perte de beauté – à ce propos, Max Weber parlera de « désenchantement du monde ». Finalement, après 1848, la perspective, désormais proche, de la mort du poète lui-même, transforme la métaphore du tombeau en réalité tragique, authentifiant les dernières paroles d’une vérité inattendue. Mais si Heine revient au modèle cyclique de l’évolution et meurt sans illusions, il garde l’espérance dans les possibilités de l’histoire.

Publication details

Published in:

(1998) Heinrich Heine. Poésie et histoire. Revue germanique internationale - ancienne série 9.

Pages: 73-87

DOI: 10.4000/rgi.667

Full citation:

Höhn Gerhard (1998) „"Les salons disent le faux, les tombeaux disent le vrai." Heine, penseur de l'histoire“. Revue germanique internationale - ancienne série 9, 73–87.