Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

165825

Nietzsche et les charmes de la métaphysique "La logique du sentiment"

James I. Porter

pp. 157-172

Abstract

La philosophie de Nietzsche implique des contraintes si considérables et si insurmontables pesant sur les moyens humains qu’elles excluent les possibilités surhumaines que semble proposer sa philosophie. La logique de la puissance fait que la puissance se ramène toujours à une impression intérieure et inévitablement à une illusion concernant la puissance et non à un fait. Cette contrainte qui pèse sur la volonté de puissance limite ses prétentions. Non seulement les besoins, désirs et illusions trop humains excluent la possibilité de la surhumanité, mais ils font, en outre, de ce semblant de possibilité un idéal. Au lieu de donner l’exemple d’une liberté inconditionnelle, les agents actifs imaginaires de Nietzsche représentent le fantasme d’une existence débarrassée des contraintes d’une condition trop humaine, fantasme enraciné de fait dans la culture des contemporains de Nietzsche. La « théorie » de la volonté de puissance élaborée par Nietzsche reflète cette illusion et constitue donc une critique et une généalogie, dans ce sens restreint, de la culture de son époque. Les véritables problêmes posés par ses écrits ne tiennent pas à ce que ceux-ci expriment, mais à ce qu’ils dissimulent : ils mettent en scène et encouragent des identifications involontaires de la part de ses lecteurs. Pour autant que la théorie de Nietzsche soit crédible aujourd’hui, nous prêtons nous aussi le flanc à ses critiques.

Publication details

Published in:

(1999) Nietzsche moraliste. Revue germanique internationale - ancienne série 11.

Pages: 157-172

DOI: 10.4000/rgi.718

Full citation:

Porter James I. (1999) „Nietzsche et les charmes de la métaphysique "La logique du sentiment"“. Revue germanique internationale - ancienne série 11, 157–172.