Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

164016

Nietzsche & la justice

Portrait du philosophe en Anti-Calliclès

Gérard Bensussan

pp. 169-188

Abstract

C’est un lieu commun de voir en Calliclès ou parfois en Thrasymaque les grands ancêtres de Nietzsche : refus du droit institué, apologie de la force, légitimité de son exercice naturel, soit de la persévérance dans son être et de la conservation de soi. La lecture de Nietzsche fragilise considérablement ce point de vue. Si la justice comme revendication propre à la doctrine de l’égalité ou encore comme injonction contenue dans les commandements divins ou moraux est refusée sans appel, la « vraie devise de la justice » est promue comme l’éminente qualité du philosophe à venir. Que signifie ce paradoxe ? Une justice justifiée par le sentiment de la puissance, voire par la perspective du bonheur, est une justice s’extériorisant dans la gratuité du don, la dépense, la prodigalité, ce qui fait apparaître par contraste tout conatus essendi comme plate satisfaction et parcimonie propres au dernier homme qui « veut se conserver ». Voilà pourquoi la justice de Nietzsche, la grande justice, est une qualité de la pensée et une vertu du philosophe dont la probité actualise sans cesse la puissance individuelle.

Publication details

Published in:

Merker Anne (2016) Nietzsche philologue et philosophe. Les Cahiers Philosophiques de Strasbourg 40.

Pages: 169-188

DOI: 10.4000/cps.353

Full citation:

Bensussan Gérard (2016) „Nietzsche & la justice: Portrait du philosophe en Anti-Calliclès“. Les Cahiers Philosophiques de Strasbourg 40, 169–188.