Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

166981

Du mode d'inexistence des mathématiques

L'ontologie du virtuel chez Simondon

Vincent Bontems

pp. n/a

Abstract

On ne trouve aucune formulation du statut ontologique des mathématiques dans l’œuvre de Gilbert Simondon. Cela tient, selon nous, à ce qu’on ne peut attribuer un mode d’existence aux mathématiques dans l’horizon de sa philosophie de la nature : si « exister » signifie « devenir dans l’espace et le temps », alors les mathématiques n’existent pas. En revanche, on trouve chez Simondon une modalité de l’être distincte de l’actuel et du potentiel, le virtuel, dont il n’est donné aucune dérivation ontogénétique. Notre hypothèse est que le virtuel compense l’absence des mathématiques en tant qu’il qualifie la réalité inexistante (non-actuelle et non-potentielle). Le virtuel, qui est invoqué explicitement pour désigner le statut d’un futur anticipé au cours de l’acte d’invention, désignerait implicitement le mode d’inexistence des mathématiques. Les propriétés du virtuel — qu’elles soient objectives comme l’omni-spatio-temporalité ou subjectives comme le caractère optatif — correspondent en effet à des propriétés avérées des mathématiques. L’universalité du virtuel, qui se manifeste aussi bien dans la virtualisation de la valeur technique au cours de l’échange économique que dans une orientation politique des transformations sociales vers un futur possible, repose aussi sur l’intuition mathématique de l’impossibilité d’une impossibilité. Cette redéfinition du virtuel en tant que mode d’inexistence des mathématiques dépasse alors la conception hylémorphique des mathématiques comme formes immatérielles, et répond à de nombreux obstacles métaphysiques.En tant que structure relationnelle inexistante de la nature, elle explique en outre comment le virtuel conditionne le physiquement possible, c’est-à-dire le passage du potentiel à l’actuel. Si le virtuel désigne alors la plus grande extension du réel, l’état préindividuel de l’être n’est cependant pas réductible à un plan unique de consistance, car le virtuel mathématique est non saturable, toujours divergent et lacunaire.

Publication details

Published in:

Barthélémy Jean-Hugues (2015) Individuer Simondon. Appareil 16.

DOI: 10.4000/appareil.2235

Full citation:

Bontems Vincent (2015) „Du mode d'inexistence des mathématiques: L'ontologie du virtuel chez Simondon“. Appareil 16, n/a.