Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

166923

L'opacité ontologique de la transparence chez Heidegger

Hervé Bonnet

pp. n/a

Abstract

Y a-t-il une dimension ontologique de la transparence ? Avant de recevoir, dans le cadre de l’ontologie phénoménologique de Sein und Zeit, une fonction conceptuelle nette au sein de la terminologie de l’analytique existentiale (§ 31), la transparence (Durchsichtigkeit) a fait son apparition lors de l’explicitation de la question du sens de l’être (§ 2). Question fondamentale par excellence, la question du sens de l’être exige, pour être posée, la considération de son histoire propre, histoire dont Heidegger nous dit qu’elle requiert une « transparence appropriée » (angemessenen Durchsichtigkeit). Cette « transparence appropriée » n’est rien d’autre que la tâche même de la destruction de l’histoire de l’ontologie. Or une telle tâche, on le sait, n’a pu être menée à bon terme puisqu’elle correspond au programme de la deuxième partie de Sein und Zeit et que seules les deux premières sections de la première partie de l’ouvrage ont été publiées. Si la transparence est une tâche c’est que règne premièrement une certaine opacité. Constater que la transparence, en l’espèce d’une destruction de l’histoire de l’ontologie, n’a pu être conquise, cela ne doit-il pas signifier qu’il y a lieu de prendre acte d’une opacité ontologique de la transparence ? Traditionnellement marquée du sceau de « l’évidence » (Selbstverständlichkeit) la question du sens de l’être est tombée dans l’oubli. En ce sens, la transparence ou l’évidence de l’être dissimule l’opacité ou l’obscurité de son sens propre. Nous pouvons dire, dès lors, que la transparence ontique de l’être, entendons l’évidente compréhension que nous en avons dans l’usage quotidien, se double et se paye d’une obscurité ou opacité de son sens ontologique. Or il s’agira, pour nous, de montrer que l’évidence de l’être ainsi que l’obscurité de son sens ontologique trouve son origine dans la transparence du sens d’être qui sans cesse s’impose comme premier, à savoir celui-là même contre lequel tous les efforts phénoménologiques de Sein und Zeit sont tendus : la Vorhandenheit. Nous verrons en quoi le sens d’être plus immémorial de la Zuhandenheit est lui-même hanté par la Vorhandenheit, partant par l’opacité ontologique de la transparence. Il conviendra d’élucider le lien essentiel qui relie cette prime apparition de la transparence (§ 2) à celle du paragraphe (§ 31) consacré au comprendre du Dasein dans lequel cette dernière est promue au rang de détermination existentiale. Pourquoi, en effet, un même terme vient qualifier la vue propre du Dasein en tant qu’il se comprend authentiquement et la tâche de la destruction de l’histoire de l’être ? Nous verrons en quoi rendre sa transparence à l’histoire de l’ontologie implique l’exhibition de l’étrange opacité ontologique de la transparence ou des transparences de l’être. Comprendre pourquoi l’analytique existentiale est toute entière transie par la question de la transparence et comment un tel thème travaille non seulement toute l’histoire de la métaphysique via la Vorhandenheit, mais aussi l’ontologie phénoménologique à travers le jeu du passage (Umschlag) articulant les deux sens d’être de la Zuhandenheit et de la Vorhandenheit, tel sera l’enjeu de notre propos.

Publication details

Published in:

Alloa Emmanuel, Guindani Sara (2011) La transparence. Appareil 7.

DOI: 10.4000/appareil.1188

Full citation:

Bonnet Hervé (2011) „L'opacité ontologique de la transparence chez Heidegger“. Appareil 7, n/a.