Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

164774

La phronêsis d'Aristote

un sens moral ?

Laurent Jaffro

pp. 155-172

Abstract

La phronêsis d’Aristote est-elle un sens moral ? À partir d’une analogie avec les sens externes, il s’agit de savoir si le jugement moral est de même nature qu’une expérience perceptive. Cette thèse soutenue par des commentateurs, et qui est très présente dans les reprises de la pensée aristotélicienne dans la théorie morale contemporaine, est ici rejetée. En distinguant conceptuellement le vertueux du prudent, il s’agit de montrer que le discernement correct dont est capable le vertueux n’est pas intellectuel (au sens étroit). C’est la qualité morale de l’agent qui conditionne sa capacité à ne pas se tromper sur ce qu’il est bien de faire. C’est son désir, convenablement disposé, qui lui permet au phronimos de voir le bien. A contrario, une forme importante d’erreur cognitive dans l’appréhension du bien est due à la qualité morale de l’agent et non à un défaut d’intelligence pratique.Cet article soutient ainsi que le prudent n’est pas le fondement de toute valeur, mais, en tant qu’il est aussi moralement vertueux, le détecteur de toute valeur : il voit juste. Cette discussion des interprétations d’Aristote permet ainsi de critiquer les lectures sensibilistes de la conception du jugement moral. Elle suggère que l’inscription dans l’ensemble de la délibération, plutôt qu’une analogie avec la sensation, rend mieux compte du jugement du phronimos.

Publication details

Published in:

(2017) Année 2016-2017. Philonsorbonne 11.

Pages: 155-172

DOI: 10.4000/philonsorbonne.904

Full citation:

Jaffro Laurent (2017) „La phronêsis d'Aristote: un sens moral ?“. Philonsorbonne 11, 155–172.