Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

164709

Le rôle de l'obéissance dans l'éducation antique et médiévale

Gaëlle Jeanmart

pp. 61-98

Abstract

Cette article présente l'étude comparative des systèmes éducatifs grecs et chrétiens dans la mesure où tous les deux accordent une place centrale à l'obéissance dans la formation des individus. Il vise à mettre en évidence leur opposition absolue. Chez les grecs l'obéissance joue le rôle d'un outil éducatif destiné à faire de l'élève un être libre. Elle est pensée comme une méthode d'accès à la liberté inséparable d'un enjeu politique : la formation des citoyens libres. L'obéissance au maître, c'est-à-dire la docilité, constitue ainsi la condition de possibilité de l'assujettissement de la partie irrationnelle de l'âme à la partie rationnelle. Or dans le projet éducatif monachique, la lecture de la Bible comme pratique ascétique joue le rôle d'un outil de lutte contre les tentations, non celui d'un moyen d'apprentissage qui vise l'acquisition d'un savoir. Cette pratique ascétique est donc inséparable d'une exigence : la purification de l'âme. Dès lors, l'obéissance devient une voie d'accès à la vertu et le lieu d'une attention exclusive inséparable d'un autre enjeu politique, diamétralement opposé à celui des systèmes grecs : la destruction de toute idée de liberté. Elle ne représente plus une méthode devant conduire à la liberté, mais le terme de la formation des individus. Elle n'est plus visée comme un moyen, mais comme une fin en soi. Elle ne vise plus le développement de la raison, mais la soumission de la volonté

Publication details

Published in:

(2003) La Volonté. Philosophique 6.

Pages: 61-98

DOI: 10.4000/philosophique.186

Full citation:

Jeanmart Gaëlle (2003) „Le rôle de l'obéissance dans l'éducation antique et médiévale“. Philosophique 6, 61–98.