Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

154179

Le moi et le temps chez F.-M. Dostoïevski

Louis Allain

pp. 35-54

Abstract

Pour Dostoïevski le temps est le révélateur du moi sans en être le principe constructeur. C'est au contraire à l'homme de construire le temps, de chercher à le maîtriser. A la représentation simpliste d'un vecteur linéaire commencement-fin il substitue celle de cycle spatio-temporel. La métamorphose est la loi commune du temps et du moi. Le futur proche que le temps présent, surmontant les erreurs du passé immédiat, a pour fonction du programmer, rejoint ce que le passé éloigné garde de profondément authentique. Les épreuves et les contraintes permettent d'apurer périodiquement les comptes et de s'essayer à nouveau sur d'autres bases en évitant toute cassure. S'il est impossible de bannir tout remords, il faut éviter de se repentir, c'est-à-dire de se dédire de soi. L'homme doit forcer le passage en misant sur les forces de renouvellement dont Dieu est le garant. Ces oscillations réussies autour d'un moi constant supposent l'existence d'un noyau dur ou plutôt d'un relais d'éternité au centre de ce moi. Intérioriser le temps pour le dominer, tel est le grand secret. Or, pour intérioriser le temps, il faut le déstructurer en mettant à nu sa double nature de temps tourbillonnaire et de temps arrêté, en privilégiant l'intensité (la qualité) sur la durée aveugle (la quantité) et en inversant au besoin le rapport siècle/minute. Le bonheur de l'être total est à ce prix.

Publication details

Published in:

(1984) Revue philosophique de Louvain 82 (53).

Pages: 35-54

Full citation:

Allain Louis (1984) „Le moi et le temps chez F.-M. Dostoïevski“. Revue philosophique de Louvain 82 (53), 35–54.