Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

153321

Savoir et mort chez F. Rosenzweig

Edouard Robberechts

pp. 180-191

Abstract

Pour Rosenzweig, une certaine forme de savoir, caractérisée par un oubli de la temporalité et par une oblitération de la concrétude multiple du langage, aurait partie liée à ce qu'on pourrait appeler la tendance suicidaire de l'Occident. Sous les apparences d'une recherche d'harmonie logique globalisante et sans tache, se cacherait un rejet de responsabilité, une fuite devant la vie et l'angoisse de la mort qui la traverse, angoisse qui inscrirait précisément dans le nexus même de la vie l'occasion par excellence d'ouverture aux multiples visages de l'altérité et à leurs exigences infinies. Le penseur ou le scientifique, voulant esquiver cette confrontation exigeante avec l'angoisse devant la mort et avec l'altérité qu'elle annonce, chercherait à se rasséréner à peu de frais en essayant dès à présent d'accorder sa pensée à un principe de raison supérieur et constituant par rapport à toute factualité contingente et mortelle. Mais une telle subsomption du particulier et du mortel sous les accords harmonieux d'une logique omnipotente revient en fait à tenter de normaliser la mort, à en faire une étape nécessaire dans la dynamique de l'histoire et de l'être, et ainsi à justifier par la bande tous les charniers malencontreux qu'une telle logique pourrait venir à exiger pour son développement plénier. Ce qui est loin d'être encore supportable en notre siècle...

Publication details

Published in:

(1992) Revue philosophique de Louvain 90 (86).

Pages: 180-191

Full citation:

Robberechts Edouard (1992) „Savoir et mort chez F. Rosenzweig“. Revue philosophique de Louvain 90 (86), 180–191.