Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

152999

La théorie synthétique de l'évolution

Essai d'analyse épistémologique

Michel Delsol

pp. 93-110

Abstract

La Théorie Synthétique de l'évolution est la synthèse des observations des paléontologistes, zoologistes, botanistes avec celles des généticiens. On constate d'abord que l'étude de la classification du monde vivant nous donne aujourd'hui l'image d'un immense continuum où il n'y a plus ni espèces ni genres, comme le pensait déjà Lamarck. On découvre de décennies en décennies des étapes nouvelles entre les grands groupes: poissons et batraciens, reptiles et mammifères etc. Il semble que l'évolution s'est presque toujours réalisée par très petites étapes où paraît régner un hasard «tâtonnant». Ensuite, à partir de la génétique, on peut penser que, puisque dans la nature chaque couple donne toujours beaucoup plus de descendants que la terre ne pourrait, s'ils vivaient tous, en contenir, et qu'il y a chez toutes les espèces une mortalité considérable, ce seront, comme le pensait Darwin, ceux qui hériteront des changements héréditaires favorables (mutations) qui, statistiquement, survivront. Cependant, dès les années 40, les synthéticiens avaient reconnu l'immense complexité de ce phénomène. Pourtant des calculs mathématiques, des expériences de laboratoire, des observations naturelles en démontrent la fertilité intellectuelle. On montrera aussi que même des organes complexes comme l'œil, et ses liens avec le cerveau, ont pu se constituer par le jeu des mutations sélectionnées. Il faut préciser que l'anatomie, l'histologie et la biochimie des êtres vivants sont particulièrement organisées pour réagir au mieux à ce schéma. En effet la construction du vivant est caractérisée par la répétitivité. Avec une vingtaine d'acides aminés il s'est construit des milliards de types de protéines. Le foie, la rétine, le pancréas, l'os etc. sont composés d'un nombre fabuleux de cellules semblables. Beaucoup de mutations se contentent de multiplier le nombre des cellules. En outre, lorsqu'une mutation améliore une cellule rétinienne ou hépatique, ce sont les millions de cellules de ces organes qui sont améliorées. On doit noter que les endosymbioses demeurent, mais seulement par plusieurs aspects, dans le cadre de cette théorie. Celle-ci nous apparaît donc bien aujourd'hui comme le mécanisme de fond de l'évolution biologique; toutefois l'analyse de sa complexité n'a pas fini d'interroger les biologistes.

Publication details

Published in:

(1995) Revue philosophique de Louvain 93 (1-2).

Pages: 93-110

Full citation:

Delsol Michel (1995) „La théorie synthétique de l'évolution: Essai d'analyse épistémologique“. Revue philosophique de Louvain 93 (1-2), 93–110.