Metodo

International Studies in Phenomenology and Philosophy

Journal | Volume | Article

152021

La passion de manger chez Augustin et les faux plis d'un héritage stoïcien

Gaëlle Jeanmart

pp. 507-530

Abstract

Cette étude examine un passage des Confessions X, XVI, 23 sur la passion de manger, passage considéré comme un des éléments de la critique augustinienne de l'idéal stoïcien d'apathie. L'A propose deux lectures possibles du pli pris en Occident dans la conception de la faim, l'une faite en questionnant ses conséquences théoriques, l'autre, qui interroge ses conséquences pratiques. La lecture A, celle de M. Daraki notamment, permet de considérer ce passage des Confessions comme l'indice qu'un nouveau champ de savoir, obturé jusque là même pour les stoïciens, s'est ouvert qui reconnaît et étudie enfin pour telle la réalité passionnelle de l'homme. La lecture B, d'inspiration plutôt foucaldienne, s'attache aux impacts de cette reconnaissance augustinienne d'un aspect passionnel indépassable en l'homme sur les thérapies de l'âme et exercices spirituels; elle se penche sur les conséquences pratiques de la définition de la passion par la passivité. Les conclusions et les apports de cette étude sont doubles. Elle permet, d'une part, de montrer comment ces deux manières d'interroger un même texte lui confèrent dans l'histoire de la pensée une importance et un statut bien différents. Et, d'autre part, dans la ligne de la lecture B, elle interroge les enjeux fondamentaux et les impacts encore perceptibles dans la conception psychanalytique ou scientifique contemporaine du rapport raison/passion, d'un glissement dans la lecture qu'Augustin proposait de la théorie stoïcienne des passions, qui a oblitéré pour longtemps la distinction capitale à leurs yeux entre pré-passion et passion.

Publication details

Published in:

(2005) Revue philosophique de Louvain 103 (4).

Pages: 507-530

Full citation:

Jeanmart Gaëlle (2005) „La passion de manger chez Augustin et les faux plis d'un héritage stoïcien“. Revue philosophique de Louvain 103 (4), 507–530.