L’objet de cette brève étude se limite à un texte apparemment secondaire d’Edith Stein écrit en 1933 et publié dans Edith Steins Werke VI, Welt und Person, sous le titre de: Die ontische Struktur der Person und ihre erkenntnistheoretische Problematik. Le propos de cet essai est de montrer comment, à l’occasion d’une analyse de la personne, se retrouvent en filigrane les articulations essentielles de la pensée de Husserl, mais aussi sur quel point précis Edith Stein rompt avec la philosophie transcendentale de son maître. Les précisions apportées à ce sujet nous paraissent mettre en lumière l’enjeu de cette rupture, trop hâtivement décrite en termes d’opposition entre l’idéalisme husserlien à la faveur d’un ‘retour à Kant’, et le réalisme du ‘retour aux choses elles-mêmes’ approfondi par la lecture et l’étude de saint Thomas d’Aquin. Une telle interprétation est insuffisante, parce qu’elle ne tient pas compte du cheminement existentiel d’Edith Stein, ni des conditions de son approche de la philosophie scolastique. Son entrée au Carmel a son répondant philosophique non dans la découverte de saint Thomas, dont la sépare, sur des points essentiels, l’ontologie développée dansEndliches und ewiges Sein, mais bien dans une psychologie qui s’inspire de Thérèse d’Avila. Et l’on verraque cette démarche implique le recours à une problématique beaucoup plus nettement scotiste que thomiste.